J’ai rencontré Mario Goyette autour de 2005 dans un atelier de croissance personnelle animé par un Français dont j’étais l’organisatrice. Mario Goyette était un participant. Un midi nous avons mangé ensemble avec d’autres participants et c’est ainsi que Mario a commencé à me parler de ce qu’il faisait. Il parlait en tout premier du coaching professionnel qu’il offrait, entre autres à des travailleurs autonomes. À cette période je n’avais que les maigres revenus d’organisatrice et je songeais à me lancer dans ma propre carrière en tant qu’animatrice de constellations familiales.

Nous avons gardé contact suite à cet atelier et il est venu manger chez nous ou nous a sorti au restaurant (mon conjoint de l’époque et moi), pour commencer à nous décrire tout ce qu’il avait à nous apporter. Nous lui avons fait confiance, d’autant plus qu’il semblait si connaissant et si assuré face à tout ce qu’il avançait. De plus, il étudiait plusieurs approches que je chérissais et parlait un langage qui m’était familier… Donc j’ai pensé qu’il comprendrait vraiment ma situation. Je réalise maintenant qu’ayant choisi de recruter ses victimes dans le milieu de la croissance personnelle, il avait suivi ces ateliers dans le but de se familiariser avec le vocabulaire et l’état d’esprit de ce genre de personnes. Il était, entre autres, devenu maître PNL (programmation neuro-linguistique), ce qui l’outillait pour mieux manipuler.

En janvier 2007 j’ai signé une entente de dons sur trois ans (les dons n’étant pas obligatoirement déclarables… de ce qu’il disait), moyennant $14,250 la 1ère année, $18,000 la 2e année et $27,000 la 3e. L’engagement parlait d’une expectative de revenus de $24,000 la 1ère année, $36,000 la 2e et $54,000 la 3e année, chose qui n’arriva jamais! À chaque plainte de ma part, Mario Goyette me remettait le blâme dessus, disant que je n’avais pas fait assez d’efforts ou accompli les démarches prescrites, etc. Même si je faisais mes « devoirs », jamais je n’atteignais les résultats escomptés et jamais, évidemment, ce n’était sa responsabilité. Même si j’ai mis un terme à notre entente financière en janvier 2008, car je n’avais pas les revenus pour le payer, j’ai continué à le rencontrer pour un certain coaching jusqu’en novembre 2008. Les $250/h demandés, suite à des discussions avec d’autres coachs d’entrepreneurs, étaient largement supérieurs à ce qui aurait du m’être chargés, compte-tenu de ce que M. Goyette m’a apporté comme connaissances et renseignements pour développer mon entreprise. Il m’a donné des documents supposément de son cru alors que c’était évident qu’ils étaient des copies ou des ramassis de plein d’autres documents existants. Il se présentait comme grand expert de propriétés intellectuelles, d’entreprises, de placements, d’immobilier, coach de ceci et cela. À chaque rencontre il me parlait de grands projets qui, après questionnements, semblaient ne jamais fonctionner ou qui tardaient; et c’était toujours la faute des autres, ce qui est caractéristique des pervers narcissiques.

Entre janvier 2007 et septembre 2008 j’ai placé un total de $110,000 avec lui, à 10% d’intérêts. Cet argent venait de la vente d’un condo et d’un héritage. L’argent était supposément investi dans la compagnie « Mon Argent Inc », dans laquelle Mario Goyette faisait de l’escompte de commissions… à un taux de 36.5%. En fait, cette compagnie n’était qu’une façade, une fausse représentation qui n’existait pas réellement. Il était entendu que chaque année je pouvais retirer mes intérêts ou les rajouter au montant initial. À trois reprises, entre 2009 et 2016, j’ai demandé les intérêts sans me douter, sauf la dernière fois, qu’il se servait de l’argent de d’autres victimes pour me donner mes intérêts.

Avec du recul, je sais maintenant que derrière son apparence serviable, riche, pleine de projets, professionnelle, d’assurance, convaincante, affable, conviviale, amicale, se cachait un pervers narcissique qui m’avait menti tout le long. À chaque fois que je le rencontrais, il me décrivait ses multiples projets grandioses, en attente de concrétisation ou les montants supposément attendus de la part de différents investisseurs et j’en passe… Des mensonges ou des rêves qui ne se réaliseront jamais. Lorsque j’ai commencé à sentir la soupe chaude, j’ai exprimé mon souhait de récupérer ma somme investie (avec intérêts) mais, évidemment, il ne pouvait pas me donner ce montant. Dès 2017 j’ai reçu un courriel disant qu’il éprouvait certaines difficultés financières et que cette année là il ne pourrait me donner mes intérêts mais qu’il règlerait le tout en 2018. À partir de l’automne 2017 il n’a plus répondu à aucun appel ou courriel et c’est en janvier 2018 que le pot au rose est sorti : Mario Goyette était un fraudeur d’un naturel convaincant qui avait floué ses parents, frère et sœurs, fille de sa conjointe décédée, ami(e)s et contacts sans aucun scrupule!
De toute cette expérience, qui n’est pas terminée, le message que je souhaite passer concerne les fraudeurs et leur grand art de la manipulation. Jamais, malgré mon intelligence, je n’ai douté un instant de la malhonnêteté de Mario Goyette, d’autant plus que j’ai reçu mes intérêts à quelques reprises. Ces genre de personnes ont des idées de grandeur, ne parlent que d’eux, vivent grandement (grosse maison, bateau, avion, voyages, bijoux clin-clan, etc). Elles promettent des rendements (10% dans mon cas) qui feraient frémir toute personne s’y connaissant dans le monde des affaires.

La quinzaine de personnes qui sommes réunies pour former un OBNL dans le but de le poursuivre, sont toutes saines d’esprit, ouvertes, intelligentes et généreuses. Il n’y a aucune honte à s’être fait avoir car nous ne pouvions nous douter de la réelle personnalité de Mario Goyette; en fait la seule personne à devoir ressentir la honte c’est le fraudeur lui-même! Mais ce qu’il faut comprendre c’est l’extrême intelligence de ces pervers narcissiques, passés maîtres dans l’art de la manipulation. Sachant qu’une seule personne sur dix ne dénonce un fraudeur, j’ose espérer que ce témoignage vous aidera à percevoir les signes avant-coureurs, les caractéristiques du fraudeur et son modus vivendi.

Victime dans l’affaire Mario Goyette